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Que faire des puffs face à leurs engouements ?

Le dossier "puffs" a commencé officiellement en décembre 2021, en Chine, lorsque l'État a pris le monopole de la vape et imposé des restrictions importantes sur le marché intérieur. Les cartouches préremplies scellées, ou "pods", sont devenues la solution la plus simple pour les consommateurs chinois, qui ont un choix écrasant de modèles et de références. Les fabricants ont commencé à se concentrer sur les puffs en réponse à la nouvelle réglementation chinoise, avec des puffs jetables de marque devenant très populaires grâce à une campagne marketing agressive. Les industriels avaient anticipé les projets du gouvernement chinois et avaient commencé à commercialiser des puffs à l'automne 2021, tant sur le marché interne chinois qu'à l'international.

Les puffs et les influenceurs 

À l'automne 2021, de nombreux influenceurs ont commencé à promouvoir illégalement des produits de vapotage sur les réseaux sociaux, en particulier des jeunes ciblant un public adolescent. Sarah Fraisou, avec ses 3,6 millions d'abonnés sur TikTok, dont 70 % de mineurs, a été l'une des influenceuses les plus en vue, faisant la publicité des puffs, comme l'a rapporté un article du Figaro en avril 2022. Cette utilisation d'influenceurs pour promouvoir des produits de vapotage n'est pas nouvelle, Philip Morris International et Japan Tobacco International ayant également été condamnés pour cette pratique en 2021 et 2022 respectivement.

Le gouvernement français prend les choses en main

Le gouvernement français a rapidement pris en main la situation, mais le mal était déjà fait : les puffs étaient devenues une tendance à la mode. Bien que les autorités puissent intervenir dans les pratiques publicitaires interdites, la commercialisation des puffs est légale, ce qui est un défi. Les puffs se vendent maintenant en dehors du réseau de vapotage, avec les buralistes reprenant l'avantage sur les boutiques spécialisées, et les grandes surfaces et les magasins de déstockage vendant des puffs à leurs caisses.

 Un média a mené une enquête secrète dans une grande chaîne de magasins de décoration et d'idées-cadeaux. Les résultats ont montré que, contrairement à leur slogan et à la réglementation, les caissières ne demandaient pas la carte d'identité des mineurs achetant des puffs contenant 20 mg/ml de nicotine. Ainsi, la troisième phase de l'affaire des puffs a commencé. Les puffs, qui étaient autrefois une solution technique pour les industriels chinois et un outil de manipulation marketing pour les marchés occidentaux, sont devenues l'ennemi public numéro un. En France, le dossier politique était à l'ordre du jour et la sénatrice Catherine Procaccia (Les Républicains) a déposé un amendement au projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale pour instaurer une taxe dissuasive sur les puffs. Le 8 novembre 2022, cet amendement a été adopté par le Sénat, marquant ainsi une victoire dans la lutte contre les puffs. La sénatrice a souligné que la politique la plus efficace en matière de tabac est de ne jamais commencer et que le développement rapide des puffs, avec leurs saveurs récréatives et leur marketing ciblé sur les adolescents, va à l'encontre de cet objectif. Pour elle, la cigarette électronique est un moyen de sevrage, tandis que les puffs sont destinées à ceux qui n'ont jamais fumé et sont une porte d'entrée vers le tabac. Elle a également justifié l'instauration d'une taxe, affirmant qu'une augmentation importante de son prix pourrait avoir un effet dissuasif, en particulier pour les jeunes.

Une distinction entre les cigarette électroniques et les puffs 

La sénatrice a souligné une distinction importante dans son projet d'amendement : veiller à distinguer clairement les puffs des cigarettes électroniques traditionnelles afin de ne pas pénaliser ces dernières. "N'étant ni fumeuse ni vapoteuse, je me préoccupe avant tout du point de vue des politiques publiques de santé", explique-t-elle. Selon elle, la cigarette électronique est un outil destiné aux fumeurs adultes pour les aider à arrêter de fumer, et non un produit d'initiation pour les non-fumeurs ou les jeunes mineurs. Pour la sénatrice, la reconnaissance scientifique basée sur des études indépendantes est essentielle. En tant que vice-présidente de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, elle attache une grande importance à cette approche. Des études, notamment de Santé publique France, ont montré que la cigarette électronique "traditionnelle" peut aider les fumeurs adultes à arrêter le tabac, mais ce n'est pas un produit miracle.

La sénatrice fait également la distinction entre les puffs et les cigarettes électroniques traditionnelles. Elle considère que les puffs ne peuvent pas être considérés comme une porte de sortie du tabac, contrairement à la cigarette électronique traditionnelle. C'est pourquoi elle a tenu à distinguer ces deux produits dans son amendement.

Une interdiction des puffs ou une taxe mise en place ?

Si une taxe dissuasive avait été mise en place, ne serait-il pas plus simple de demander l'interdiction pure et simple des puffs ? La sénatrice explique que le droit d'amendement est sévèrement encadré par la Constitution dans le cadre de l'examen des textes budgétaires, seuls les amendements portant sur les recettes et les dépenses de la Sécurité sociale étant admis lors de l'examen du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale). Par conséquent, une interdiction pure et simple des puffs, tout comme un encadrement plus strict et plus responsable de leur distribution et de leur marketing, n'aurait pas été examinée. Son amendement a permis un débat sur la question à l'hémicycle du Sénat et a montré une inquiétude partagée quant à ce qui pourrait être un danger. L'amendement a d'ailleurs été voté à une très forte majorité sur tous les bancs. Même s'il n'a finalement pas été retenu dans la version finale du budget, adoptée par 49-3 le 30 novembre 2022, la sénatrice considère que le point est marqué : le gouvernement a reconnu que le sujet était préoccupant et s'est engagé à une réflexion sur la fiscalité dissuasive des puffs. Cependant, la sénatrice est sceptique quant à l'interdiction pure et simple des puffs, surtout lorsqu'il s'agit d'adolescents ou de jeunes. Elle craint qu'une telle mesure n'ait l'effet inverse et souligne que beaucoup de puffs sont achetés sur Internet.

 Quelques jours plus tard, une deuxième offensive est menée, cette fois depuis l'Assemblée nationale. La veille, c'était la droite qui avait proposé une taxe dissuasive au Sénat. Le lendemain, c'est la gauche qui demande l'interdiction des "puffs" à l'Assemblée nationale. Francesca Pasquini, députée des Hauts-de-Seine pour Europe Écologie Les Verts, est à l'origine de cette proposition de loi. Pour être adoptée, elle doit être soutenue par une alliance politique improbable allant de la gauche à la droite, en passant par le parti présidentiel. Cela peut sembler improbable, mais c'est le premier enseignement de cette proposition de loi : les "puffs" sont considérées comme un problème par la classe politique, au-delà des clivages idéologiques.

Francesca Pasquini explique : "Je ne suis pas une vapoteuse, mais j'ai des collègues qui vapent. Contrairement aux cigarettes électroniques à usage unique comme les "puffs" qui posent des problèmes majeurs, la vape est un dispositif qui peut être intéressant pour les fumeurs lors d'une sortie du tabagisme, en tant que transition."

L'impact écologique des puffs en question 

Ce qui est remarquable dans la proposition de loi, ainsi que dans l'amendement voté par les sénateurs de droite, bien que différents dans la forme, ils ont la même idée : faire la distinction entre les "puffs" et la vape traditionnelle. "Il est assez facile de faire la différence. Nous sommes en présence de cigarettes électroniques à usage unique, munies de batteries au lithium, d'emballages plastiques, non réutilisables, contrairement aux vapes traditionnelles qui sont rechargeables, ce qui est une aberration écologique", déplore-t-elle.

 Au-delà de l'aspect environnemental, la députée écologiste s'inquiète de la politique marketing des cigarettes électroniques à usage unique, qui ciblent les jeunes en raison de leur faible coût et de leur disponibilité facile. Selon l'Alliance contre le tabac, 33% des jeunes âgés de 13 à 16 ans connaissent ces dispositifs et 13% les ont déjà utilisés. La députée estime qu'il est urgent de sensibiliser sur ce sujet, même si cela ne fait pas partie de la proposition de loi sur laquelle elle travaille.

La différence de ton entre la vape traditionnelle et les cigarettes électroniques à usage unique est frappante dans le discours politique. Cependant, la députée précise que la proposition de loi n'implique pas la vape traditionnelle, mais vise uniquement à mettre en lumière les dangers des cigarettes électroniques à usage unique pour la santé publique et l'environnement.

L'objectif est de lancer le débat sur l'acceptabilité sociale de la consommation de nicotine chez les jeunes et de trouver des solutions pour limiter leur accès aux produits nocifs. Si la proposition de loi n'aboutissait pas, mais qu'elle attirait l'attention du gouvernement sur cette question, cela serait déjà une réussite pour la députée.

Maitrisez la distribution des puffs par des professionnels 

Concernant les puffs, la Fivape estime qu'il est nécessaire de débattre de leur distribution dans les boutiques spécialisées, qui offrent un conseil aux consommateurs, mais il ne s'agit pas de promouvoir leur usage à long terme. Cependant, la Fivape ne demande pas pour le moment le monopole de distribution de ces produits. Une législation spécifique serait nécessaire pour définir le rôle des boutiques spécialisées et leur permettre d'avoir ce monopole.

 

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